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Pièce 19954

PRÉSENTATION

Type

Pièce

Titre

Blason de l'humeur melancholique

Incipit

Humeur facheux, humeur inique

Langue

Français

Genre

Blason (Vers)

Statut fiche

Terminé


TRANSCRIPTION SCRIPTA MANENT

❧ Blason de l’humeur melancholique

Humeur facheux, humeur inique
Humeur du tout melancholique
En quelle espece de mes vers
Descripray je tes tours pervers ?
O humeur, humeur tyrannique
Que malheureuse est ta fabricque
Humeur vilain, et ennuyeux
Humeur faict en despit des dieux.
Vray est que Dieu le corps humain
Forma de sa celeste main
De quatre humeurs bien temperez
Aux quatre elemens comparez
Entre lesquelz s’il n’y a guerre
L’homme vit joyeulx sus la terre.
Mais quoy ? si grande est ta malice
Que tu livres tousjours la lisse
A tes compagnons et consors
En les voulant jetter dehors,
Tu tasches à les dominer
Et de tout en tout ruiner,
Et, qui pis est, tu prens plaisir
Laisser les meschantz et choysir
Les gens de bien pour ta demeure.
O humeur né à la malheure !
C’est toy, par qui d’heure nocturne
Contrainct par Juppiter, Saturne,
Fut se cacher en Italye,
C’est toy, vieille melancholye
Par qui jadis ce Vulcanus
Fut jaloux de dame Venus.
C’est toy, par qui dame Didon,
Qui avoit mis son Cupidon
Du tout en son mary Sithée,
S’est à la mort precipitée.
Humeur palle, humeur chassieux,
Humeur qui les hommes vieulx,
C’est toy, par qui Penelopé
Eut le cerveau enveloppé
De mille soulcis et pensées,
Qui tant furent recompensées :
C’est toy, qui Hero d’une tour,
Voyant son amy à l’entour
Mort estendu sus le rivage
Feis precipiter par ta rage.
C’est toy, par qui Dame Tisbée
Se tua de la propre espée
De son bien aymé Piramus.
Tu es toute plaine d’abus
Dès la creation du monde.
Viença malheureuse et immunde,
Douze ans y a que prens plaisir
D’une dame d’honneur saisir
Et semble par une vengeance
Qu’elle n’aura point d’allegeance :
Mais, dy moy, quel plaisir prens tu
Fascher les dames de vertu ?
Sus vieilles gens, et saturniques
Tu doibz exercer tes practiques,
Non pas sus ces honnestes dames
Vertueuse de corps et d’ames.
Celles de qui j’ay fait memoire,
Elles estoient (chose notoire)
De l’amour impudic’ esprises,
Lors on louoit tes entreprises.
Mais ceste cy est bien de celles
Qui ne sentirent estincelles
Du feu d’amour jour de leur vie,
Ains tout leur espoir et envie
Est vivre vertueusement
Sans offencer aucunement,
Et toy, rempli de vitupere,
Ne permectz chose estre prospere,
De toutes partz en ces bas lieux,
Ains tousjours tu es soulcieux
De tourmenter les bons espritz
De toute honnesteté espris.
Que vauldroit mieulx sus ces caphars
Exercer tes cauteleux ars
Que de son long temps entreprendre
De macter ce corps jeune et tendre.
Viença, vien, malheureux humeur !
Mais pourquoy fais tu si grand peur
A ce corps noble et magnanime ?
Ton pouvoir est il si sublime
Que son cueur hault et genereux
Devienne ainsi par toy paoureux ?
Bien, bien faitz ce que tu pourras !
Toutefois tu en sortiras,
Non par Syrops ou Apozemes
Ne Juleps, et drogues de mesmes,
Car desormais (comme j’estime)
Usera de si bon regime
Que te donnera à entendre
Qu’à autre lieu te devois prendre.
A ce printemps gay et joyeulx
S’esjouyra de mieulx en mieulx
De jour en jour s’exercera
De plus en plus s’efforcera
Elle ostera tous ses scrupules
Et desormais d’affaires nulles
Personne ne luy parlera
Point on ne la colerera
En tous esbatementz servies
Sera le surplus de sa vie.
Ainsi toy, malheureux humeur,
De tout bon plaisir escumeur
Contrainct de t’accorder seras
Et plus tu ne molesteras
Ceste dame tant magnanime
Mais plustost sera unanime
Avec tes trois freres germains
Dedans ce corps loué de maintz.
Ainsi, d’une voix souveraine,
Dira ceste Dame bien saine :
"A dieu Burgensis medecin
Qui entretiens nostre roy sain,
A dieu Frenel grave sur tous,
Et à dieu de Gorris le doulx,
A dieu Felot et Myrebeau
De plus vous hanter n’est pas beau,
Adieu Dodier mon ordinaire,
Adieu Gerion Apoticaire !"
Finablement ceste maison
Encores voirra la saison
Qu’il en sortira des enfans
En toute vertu triumphans
Qui bien reduiront en memoire,
De la Noue l’antique gloire.
Fin

Source

Exemplaire non numérisé de : Briefve instruction pour vivre longuement en santé, Paris, Etienne Denise, 1556 (USA, Bethesda, National Library of Medicine)

Copiste

Claire Sicard


ATTESTATION (1 édition)

Œuvre principale dans Dodier Mathurin, Briefve instruction pour vivre longuement en santé extraicte de Diocles, es..., Paris, Denise Etienne, 1556, f. F r° - f. F4 r°


PERSONNES (8 citations)

évoque [La Noue] (1525 to 1535-1556 to 1600)

fait parler [La Noue] (1525 to 1535-1556 to 1600)

s'adresse à Burgensis Louis (1482-1 Dec 1556 to 31 Dec 1556)

s'adresse à Fernel Jean (1497-26 Apr 1558)

s'adresse à Gorris Jean de (1505 ±2 years-1577)

s'adresse à [Feleau] (1480 to 1535-1556 to 1620)

s'adresse à [Myrebeau] (1480 to 1535-1556 to 1620)

s'adresse à [Gerion] (1480 to 1535-1556 to 1620)


POUR CITER CETTE FICHE

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Claire Sicard et Pascal Joubaud, Notice Texte 19954, Scripta Manent, état du : 08 décembre 2024